Historique

L’histoire du carnaval louviérois est intimement liée à l’histoire de la ville.
En effet La Louvière est une ville récente et on peut dire que son carnaval est né et s’est développé avec elle.

 

La Louvière se compose de nombreux hameaux nés pour la plupart d’une exploitation charbonnière : Baume, Bouvy, Mitant des Camps, Longtain.

Les quartiers de la Croyère et d’Hocquet virent s’implanter de multiples industries (sidérurgie et faïencerie) et enfin le centre, essentiellement commercial devînt le point névralgique de la ville.

Les prémices du carnaval se situent dans ces quartiers et c’est sans doute à Baume que l’on trouve vers 1856 les premières mascarades

D’après Fernand Lienaux (historien du carnaval louviérois), ces « bandes » déguisées s’appelaient les « Durmèlès ».

 

1856 à 1865:

Il faut savoir que la commune de La Louvière naquit en 1869. Jusqu’à ce moment, tous les quartiers de la future ville de La Louvière font partie de la commune de Saint-Vaast.

De 1856 à 1865 plusieurs sociétés se créent.

C’est ainsi que vers 1860 le carnaval louviérois prend forme :

Les gilles du « Haut de Baume » accueillent des éléments venus d’autres quartiers.

Vers 1862, dans le quartier de Bouvy, une société de « Grands-pés et Grands-més » anime les rues.

En 1865, Alfred Pourbaix présidait une société de « Paysans et de Clowns louviérois » dans le centre-ville.

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Le carnaval à La Louvière vers 1910
Collection M. Hautois

 

1875 à 1877:

Entre 1875 et 1877, le gille fait peau neuve dans toute la région.

Partout les gilles abandonnent leur tenue primitive et de nouvelles sociétés prennent naissance.

En 1878, les premiers gilles avec haut chapeau apparurent à la Louvière.

La société des Gilles du Hocquet fut la première société de Gilles « modernes »,

Bientôt imitée par les Gilles du Mitant-des-Camps.

Le contexte social favorise cette évolution.

On se limite encore à la pratique du carnaval de quartier.

 

1882:

En 1882, avec le développement de l’industrie et l’amélioration des conditions de vie a lieu le premier grand cortège traditionnel du lundi de Laetare.

Ce cortège comprenait bien entendu les sociétés de Gilles, mais également de nombreuses sociétés de fantaisie (Pierrots, Marins, Zouaves,…).

Dans les années qui suivent, on vit la création d’autres sociétés de Gilles :

Les Gilles de Baume, les Gilles de Bouvy, les Boute-en-Train, les Gilles et masques de Longtain, Les « P’tits Gris » de la Croyère.

Le carnaval louviérois devint de plus en plus fréquenté et populaire et se développa sans cesse jusque la première moitié du 20ème siècle.

 

 

1900 à 1950:

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Les Fruitières et les Jardiniers dans un cortège du Laetare
Collection M. Hautois

 

Au début du siècle, le carnaval louviérois prend son véritable envol, et de nombreuses sociétés locales et régionales participent au cortège.

Durant l’entre deux guerres, de nouvelles sociétés de fantaisie apparaissent et un comité de fêtes communales se crée. Celui-ci organisera désormais le carnaval qui était jusque là l’apanage des commerçants locaux.

De nombreuses sociétés étrangères viendront alors étoffer le cortège du lundi.

Pendant les deux guerres qui toucheront notre pays lors de cette première moitié de siècle, le carnaval ne sera, bien entendu, pas organisé. Ci-après, vous trouverez cependant une anecdote, contée par Fernand Liènaux, et qui s’est déroulée en 1918

« Malgré l’occupation allemande et le régime cruel qui sévissait alors, la mi-carême réveillait chez certains « mordus » du folklore local le souvenir des gilles. Alors, se réunissaient clandestinement chez « Brique-Broque »: Parée, le grand Luc Van Acker, Henry Wantiez, Vital Jambon, l’Djobri ( Joseph Brismet ) et le conteur de cette anecdote ».

A la table très pauvrement garnie était assis un personnage inconnu:

un gille-mannequin bourré de paille et portant le chapeau. On levait le verre à sa santé. Mais le gille portait ses sonnettes alors que les cuivres avaient été réquisitionnés ! Et pour corser l’affaire, un soldat allemand occupé à la boulangerie « La Semeuse » logeait chez Brique-Broque.

Heureusement qu’il comprit bien la chose et s’amusa du spectacle original.

C’est le soir, que cela faillit tourner mal. Les amis n’eurent-ils pas l’idée d’accrocher le collier de sonnettes aux ressorts du lit du locataire teuton ! Quand le pensionnaire monta dans le lit, les sonnettes se mirent à tinter…

Bref, la farce n’entraîna pas de graves conséquences et c’était d’autant plus scabreux que le gaillard, à l’étage, ce soir-là, ne couchait pas seul…

Peu après, le jour de l’armistice, cette histoire fit le tour de Baume…

 

1950 à 1980:

De 1950 à 2000, différentes modifications se succédèrent dans le nombre de sociétés de Gilles et de sociétés de fantaisie, mais aussi dans l’organisation de ces festivités carnavalesques.

Notons en effet la création de nouvelles sociétés de Gilles telles que les « Indépendants du Mitant-Des-Camps », les « Commercants », les « Maugrétout », les « Rinlis », les « Gais Amis », les « Sans Soucis », les « Indépendants ».

Mais aussi de sociétés de fantaisie comme les « Enfants de l’école du Centre », les « Bwas sans soif », les « Bî-contints » et tout récemment les « Sanchos ».

  1. Liénaux avait fondé en 1967 les « Petits Paysans Louvièrois ».

Cette société disparu en 1978, mais fût recréée sous le signe de la mixité à l’Ecole de Baume en 1985.

 

Les dernières années

Sous l’impulsion de l’Amicale des Gilles, qui dorénavant,  est étroitement liée à l’organisation des festivités carnavalesques, le cortège va subir de nombreuses modifications. C’est d’abord surtout sur sa longueur que les principaux changements vont s’opérer.

En effet, d’années en années, le cortège devient de plus en plus court. En 1981 son trajet  sera Placard du Hocquet – Place Mansart.

De plusieurs kilomètres que parcourait le cortège précédemment, celui-ci a donc été réduit à une distance de 800 mètres. En outre, dès 1978, les sociétés de gilles prendront désormais la tête du cortège et en 1981, les sociétés étrangères disparaîtront du cortège.

Ironie de la situation : malgré son trajet raccourci, le cortège met  de plus en plus de temps à arriver à son terme, on met plus de 4 heures pour parcourir les 800 mètres du trajet. De plus, le public se fait plus rare qu’auparavant. Mais les raisons en sont simples : le cortège démarre à 15 puis à 16 heures et le lundi de Laetare n’étant pas férié, le public ne se déplace plus en masse.

En 2009, le cortège démarrera de la Place Maugrétout et débutera à 17 heures.

En 2015, à l’initiative de l’Amicale et en étroite collaboration avec le service APC de la ville (Action de Prévention et de Citoyenneté) un nouveau groupe d’enfants voit le jour au cortège : Les Djins d’Ayer. En français les  « gens d’hier ». Ce groupe est constitué d’enfants issus des maisons de quartiers de la ville. Les éducateurs de l’APC organisent chaque mercredi après-midi, durant les trois mois qui précèdent le Carnaval,  des ateliers créatifs, des visites de musées et d’exposition qui ont un rapport avec le Carnaval.

Leurs costumes ont pour origine des groupes folkloriques ayant existé à La Louvière au début du siècle.   

Le mardi soir, avec les feux d’artifice, les rondeaux et  les fameux brûlages de bosses, le public revient en nombre pour assister à la fin du carnaval et déjà  se donner rendez-vous pour l’an prochain.

Entre 1980 et jusqu’à ce jour, la préoccupation première a été non plus de développer le carnaval mais bien de le maintenir et ce, malgré les difficultés économiques apparues dans la région du Centre.

Néanmoins, depuis le début du 21ème siècle, on observe une certaine stabilisation au niveau des sociétés du Laetare Louviérois ainsi que du nombre moyen de ses participants. Chaque année, on observe également que le public vient de plus en plus nombreux vivre les moments forts de notre carnaval. Ce qui est un gage de réussite dans l’objectif que s’est destiné l’Amicale des sociétés du Carnaval Louviérois.  

Connaître ses racines et garder son identité, n’est-ce pas là aussi la raison d’être des habitants d’une région?… Tambours